• Interview de Gillles Caillot

    Bonjour,

    Merci d'avoir pris le temps de répondre à cette interview.

    Interview de Gillles Caillot

    1) Pouvez-vous vous présenter un petit peu ?

     

    De formation ingénieur mécanique et développement, je suis aujourd’hui Senior Manager dans une grosse SSII française et m’occupe, à ce titre, de projets relatifs à la transformation des systèmes d’information.

    J’ai 47 ans et une vie familiale bien remplie également puisque j’ai la chance d’avoir 6 enfants de 20 à 4 ans. Depuis quelques années (7 exactement), je me suis lancé dans l’écriture à corps perdu. Le résultat : 4 ouvrages publiés : L’ange du mal, Réminiscence, L’apparence de la chair et Lignes de sang qui est ressorti en 2012 et vient de remporter le prix Intramuros 2013 à Cognac.

     

    2) Avez vous toujours voulu devenir écrivain ? Pourquoi ?

     

    Non. Absolument pas. Je n’étais pas très sensible à l’écriture. Scientifique de formation, je préférai les math et les sciences au sens large.

    C’est la lecture d’un roman qui m’a donné envie d’écrire.

    J’ai savouré ce moment et depuis… je continue.

     

    3) Comment s'est déroulé votre recherche de maison d'édition ?

     

    Simplement. J’ai envoyé mon premier manuscrit à deux petites maisons d’édition sans vraiment y croire et ça l’a fait à mon grand étonnement. Depuis, je me suis pris au jeu et suis beaucoup plus sélectif.

     

    4) Avez-vous un auteur favoris ? Vous inspirez-vous de ce dernier ?

     

    Plusieurs en fait. Maxime Chattam qui m’a donné l’envie d’écrire. Franck Thilliez, et finalement aujourd’hui, beaucoup d’auteurs que j’ai appris à connaître au fil des salons. En France, nous avons la chance d’avoir une nouvelle génération d’auteurs de grande qualité.

    Je ne m’inspire jamais des autres. Je préfère créer. Par contre, j’ai noté que souvent, nous abordions les mêmes thèmes au même moment. A croire que nos antennes sont faites de la même matière.

     

    5) Pouvez vous nous présenter un de vos livres ?

    Difficile ;)

    En fait, il y a la série Zanetti : L’ange du mal, réminiscence, Immondanités (par encore édité) et les ailes arrachées des anges (pas encore édité). Ce sont des romans thrillers très sanglants, des ambiances glauques et un formidable rythme qui vous empêche de reposer le livre avant la fin.

    Il y a l’apparence de la chair qui se veut être un thriller plus psychologique mais campé dans le même univers.

    Il y a également Lignes de sang, thriller qui se voulait à la base indépendant mais qui se retrouve embarqué (contre son gré) dans la série Zanetti.

    Enfin, Bas-fonds, un one-shot terrifiant se déroulant dans les bas-fonds de Lyon. Ce dernier est plus versé sur l’horreur.

    Voici en cadeau un petit chapitre de mon roman en cours, histoire d’illustrer l’univers qui est le mien :

    — Coucou, c’est moi… Y a personne dans cette maison ?, lâcha l’homme en se glissant à l’intérieur.

    Il fit quelques pas dans le salon puis contourna son épouse afin de se prêter au jeu favori de son fils.

    — Robin… Robin… Où es-tu ?

    Le bambin de quatre ans, à peine dissimulé sous la grande table en bois massif, ne bougea pas une oreille mais laissa échapper quelques rires étouffés.

    — Rho… Je ne le vois pas… Il est peut-être parti. Tu l’as vu, Emmanuelle ?

    Parfaitement rodée au scénario, la femme, la petite quarantaine, entra dans le jeu et lui lança un petit sourire complice.

    — Non. Je crois qu’il a disparu.

    — Tu penses que c’est le grand méchant loup qui l’a dév…

    Il fut incapable de terminer sa phrase. Avec ce qui s’était passé aujourd’hui, la situation revêtait une sensation particulière.

    Surprise, la femme se retourna et le fixa bizarrement.

    Elle enchaîna, malgré son étonnement.

    — Il dit n’importe quoi, papa ! Le grand méchant loup n’existe pas.

    Hilare, le gamin pouffa puis sortit à toute vitesse de sa cachette.

    — Existe pas g’and loup ! Existe pas g’and loup !

    Il se pressa contre son père, attendit la réplique - c’est moi, le grand méchant loup – pour s’enfuir vers sa mère en hurlant mais elle ne vint pas. Contrairement à la trame habituelle, Joseph l’attrapa et le serra contre lui.

    Emmanuelle, de plus en plus intriguée, se rapprocha.

    — Il y a quelque chose qui ne va pas ?

    Il reposa l’enfant au sol puis, sans un mot, se dirigea vers le bar.

    « Que se passe-t-il, bon sang ? », insista-t-elle, soucieuse de l’attitude étrange de son compagnon.

    — Sale journée. Je te raconterai quand Robin sera couché.

     

    Le temps passa avec lenteur. Il y avait quelque chose d’électrique dans l’air comme si un champ de particules négatives les enveloppait.

    Tandis que Joseph, perdu dans ses pensées noires, était resté assis, Emmanuelle s’était occupée du bain de Robin et l’avait couché.

    A son retour, elle s’installa à ses côtés.

    — Alors ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

    L’homme redressa la tête et avala d’un trait le reste de whisky qu’il s’était servi avant de se lancer dans les explications.

    — C’est cette nouvelle affaire… Je crois que je n’y arriverai jamais.

    Elle fronça les sourcils. Elle connaissait bien son mari. C’était un dur à cuire. Pour qu’il soit dans cet état et surtout pour qu’il lui en parle, c’était du sérieux.

    — Si tu m’expliquais de quoi il s’agit, Jo ?

    Il expira tout en se massant les tempes.

    — On est sur les traces d’un tueur d’enfants.

    — Oh, Mon Dieu ! Où ça ? A Lyon ?

    Il opina du chef.

    — Oui.

    Elle avala bruyamment sa salive.

    — Pédophile ?

    — A priori, non. Mais ce qu’il leur fait est encore pire !

    — Encore pire ?!, releva la femme en frissonnant.

    Que pouvait-il y avoir de pire qu’un homme qui viole un enfant avant de le tuer ?

    — Il…

    Il sembla chercher la force nécessaire pour continuer.

    « Il… il est probable qu’il les… mange ! »

    — Quoi ?!

    — On a affaire à un cannibale ! Ce salaud a envoyé une lettre aux parents pour leur raconter ce qu’il avait fait subir à leur fille.

    Son sang parut quitter son corps. Ses mains devinrent moites et glacées. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Les mots que Joseph venait de prononcer s’entrechoquèrent dans son crâne.

    Chancelante, elle se releva du sofa et fit quelques pas avant de s’arrêter devant la fenêtre. Elle regarda un long moment les ombres projetées dans le petit jardin avant de reprendre ses esprits.

    — Et tu les as interrogés ?

    — Oui. Enfin, le père. La mère a fait un malaise. On a dû la conduire à l’hôpital.

    — C’est monstrueux ! Comment peut-on survivre à une chose pareille ? S’il arrivait la même chose à Robin, je… je… Non ! Je ne peux même pas l’imaginer.

    Il acquiesça.

    — Je sais… Je me suis dit exactement la même chose. Et puis, quand je lui ai posé des questions, j’ai été incapable de garder la distance nécessaire. Je me suis reconnu en lui et sa souffrance. C’était horrible. J’en ai complètement foiré l’interrogatoire.

    Elle soupira.

    — Et vous avez des pistes ?

    — On a seulement la lettre manuscrite qu’il a envoyée. J’espère qu’elle mènera à quelque chose.

    Elle le fixa d’un air inquiet. Joseph n’était pas dans son état normal. Il tremblait sans discontinuer et ses yeux bruns, si pétillants d’ordinaire, étaient mornes et ternes. C’était la première fois qu’elle le voyait ainsi.

    Elle lui caressa la joue et tenta de l’apaiser.

    — Vous allez le coincer. J’en suis certaine.

    — J’en sais rien…, lâcha-t-il, désabusé. Savoir qu’un monstre pareil se ballade en liberté me file la chair de poule.

    — La presse est au courant ?

    — Non, heureusement. Mais tôt ou tard, ça finira par se savoir… Et là, je n’ose imaginer la psychose que ça va déclencher.

    — Oui… C’est certain.

    Elle lui adressa un timide sourire et lui prit la main.

    « Et si on allait se coucher ? Tu as une tête épouvantable. Je te ferai un massage si tu veux. »

    Il lui rendit son sourire mais ses yeux restèrent désespérément éteints.

    — C’est gentil mais je crois que je n’arriverai pas à en profiter. „

     

    6) Comment se déroule votre journée lorsque vous écrivez ?

     

    Oula ! Alors là, rien de planifié. Juste des moments volés. J’ai un travail qui m’accapare, une vie de famille compliquée, alors l’écriture c’est dès que j’ai un moment.

    Jamais de préparation, juste dès que j’en ai l’occasion. Et peu importe s’il y a du monde autour de moi ou non.

     

    7) Utilisez-vous votre entourage ou même les paysages que vous voyez dans vos romans ?

     

    Oui. Souvent. L’inspiration vient toujours de la proximité. C’est d’autant plus simple d’utiliser ce que l’on voit. Et puis, ça apporte une touche de réalisme beaucoup plus importante.

     

    8) Avez vous un mot à dire à vos lecteurs ou futur lecteur?

     

    Lancez-vous dans l’expérience. Mon univers est un univers addictif. Une fois mis le doigt (enfin l’œil plus précisément) vous n’aurez plus d’échappatoire. Vous êtes prévenus ;)

    « Top Ten Tuesday du 03 Février 2015Chronique Coeur Criminel d'Angie L Deryckère »

  • Commentaires

    1
    Mardi 3 Février 2015 à 19:06

    Superbe interview !! C'est un auteur que j'aimerais bien découvrir !

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :